
Une femme
L’Homme semence de Violette Ailhaud /
Violette Ailhaud est morte en 1925 dans un hameau des Alpes-de-Haute-Provence. Dans sa succession figurait une enveloppe dont il était précisé qu’elle ne pouvait être ouverte avant l’été 1952. Le manuscrit qu’elle contenait devait être remis à l’aîné de ses descendants, de sexe féminin exclusivement et ayant entre 15 et 30 ans. Ce qui fut fait. C’est le texte dont il est ici question.
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, alors président de la République, s’empare de la totalité du pouvoir qu’il avait légalement obtenu deux ans plus tôt. Le pays ne réagit que mollement à ce coup d’état, si ce n’est en Bourgogne et dans le Midi, principalement en Provence. Mais la réaction est vite matée par le pouvoir. Les rebelles sont traqués, emprisonnés, déportés en Algérie ou à Cayenne, voire exécutés. Le village de Violette Ailhaud se vide de ses hommes, dont son père et l’homme qui lui était promis.
En 1919, pour d’autres raisons, ce même village connaît le même sort. Violette Ailhaud décide alors de raconter ses années de toute jeune femme, « vierge veuve », pendant lesquelles l’ensemble de cette communauté de femmes va collectivement imaginer un acte de résistance peu commun que je vous laisse le plaisir de découvrir.
La courte préface, à elle seule, est d’une rare et âpre beauté. L’écriture de Violette Ailhaud est franche et droite. Elle roule comme les galets dans le lit de la Durance. Elle a la simplicité qui est l’apanage du grand style. Et la pensée qu’elle charrie n’est pas en reste. D’une modernité incroyable, elle pourrait en remontrer à beaucoup, un siècle plus tard. Ce texte très bref, à la diffusion restreinte, est une pépite qui mérite de figurer aux côtés d’autres bien plus illustres.
L’Homme semence, Violette Ailhaud, Parole Éditions (Collection Main de femme), 2008, Postface de Jean-Marie Guillon, 56 p., 8 €
Merci à Nicole qui m’a fait découvrir ce texte.